[BD] [Mafia] [Histoire] [USA] Ce qui est à nous

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Critique de BD Gest :

Salvatore Lucania, plus connu sous le nom de Charlie “Lucky” Luciano dans le New York de la crise de 1929, est à un tournant de son destin de mafioso. Dans les conflits qui opposent violemment les différentes familles pour la prise du pouvoir, il avait toujours su conserver une certaine neutralité. Cette fois, le clan de Joe The Boss lui demande d’assassiner Gaetano Reina, un ami, qui veut rejoindre le clan des Castellammarrese : il va devoir choisir et ne pas se tromper.

Chauvel et Le Saec en sont déjà au huitième tome de cette série ambitieuse qui veut retracer en une trentaine de volumes la véritable histoire de la mafia new-yorkaise. Le thème a été traité de nombreuses fois au cinéma et l’imaginaire collectif est peuplé d’images spectaculaires de Martin Scorsese, Sergio Leone, Francis Coppola, Brian de Palma… Face à de telles références, les auteurs ont choisi justement la sobriété. A commencer par le titre, dans lequel on ne reconnaît pas facilement la traduction littérale de “Cosa Nostra”. Pour le fond, un graphisme très classique vient en soutien d’un scénario qui donne la primauté à l’exactitude historique, quitte à ce que le rythme et le spectacle ne soient pas au rendez-vous. Et dans chaque album, Chauvel cite ses sources pour renforcer le caractère authentique de situations parfois sérieusement complexes.

A l’opposé des séries majeures de Delcourt axées sur le fantastique ou la science-fiction, Ce qui est à nous n’en bénéficie pas moins de toute l’attention de l’éditeur qui lui a fait cadeau récemment d’un format plus grand et plus prestigieux. Ce n’est probablement pas son dessin très sage, au découpage et au cadrage très classique, qui lui ont valu cette “promotion”. Certes agréable, il demeure en retrait par rapport à l’histoire elle-même, et on est parfois à la peine pour identifier l’un des nombreux personnages secondaires. Ce trait juste et sobre est souligné par de jolies couleurs signées Scarlett, elles aussi très sobres, dont la dominante marron est omniprésente, dans l’esprit des références cinématographiques citées plus haut.

Le cœur de cette série est donc avant tout son scénario, à la fois sa force et sa faiblesse. Le parti pris de l’authenticité rend parfois certains passages extrêmement obscurs et ne fait pas la part belle à l’action, qui rythme habituellement le genre. La profusion de personnages aux noms qui se ressemblent, l’organisation complexe des clans, la multiplicité des lieux, tout cela donne un ensemble touffu et parfois indigeste, mais confère un cachet indéniable et dépeint remarquablement cette société si particulière.

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